30 minutes d’activités physiques quotidiennes dans les établissements pour les enfants en situation de handicap !

par annabelle croih
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Si dans les écoles l’activité physique et sportive (APS)est ancrée dans les enseignements classiques et réguliers, tous les enfants scolarisés ne sont pas concernés et les activités proposées ne sont pas quotidiennes ! Les enfants en situation de handicap, souvent placés en établissements spécialisés ne bénéficient pas toujours de ces activités.

Le rapport de l’IGAS (Inspection Générale des Affaires Sociales) et de l’IGESR (Inspection générale de l’Éducation, du Sport et de la Recherche) définit les conditions de déploiement de ces 30 minutes d’activités physiques et sportives quotidiennes dans les établissements pour les enfants en situation de handicap.

Pour les mettre en place, une collaboration étroite entre tous les partenaires du médicosocial, les familles, les écoles (en cas de scolarisation en milieu ordinaire) est nécessaire et doit être complétée par des actions de soutien au niveau national et territorial.

Plusieurs préconisations concrètes sont proposées au sein du rapport :

– Mettre à disposition des outils facilitateurs pour les acteurs de terrain, coconstruites par des experts-praticiens.

– Accroître le soutien financier pour accompagner le renforcement des professionnels du sport dans les équipes pluridisciplinaires.

– Aborder les APS dans la formation des professionnels

– Développer les offres parasports de proximité portée par les fédérations sportives homologues et spécifiques

– Poursuivre le développement des APS dans les établissements pour adultes, afin de favoriser la continuité des pratiques.

Pour consulter la totalité du rapport, vous pouvez cliquer ici : https://www.igas.gouv.fr/IMG/pdf/2022-088r-rapport_30_min_apq.pdf .

Afin d’aller plus loin, nous avons rencontré Monsieur Fwanswajino ROULON, Enseignant en activités physiques adaptées à l’Institut Médicoéducatif (IME) IONA à Baie-Mahault en Guadeloupe . C’est notre interview du jour.

Parlez-nous de l’IME et de vos missions :

L’IME IONA est un Établissement Médico-Social géré par l’Association Guadeloupéenne de Sauvegarde de l’Enfance à l’Adulte (AGSEA). Il accueille 60 jeunes de 6 à 20 ans présentant un trouble du spectre de l’autisme ou un trouble du développement intellectuel. L’association partage et défend les principes tels que : la reconnaissance, le respect, la conviction. Ces valeurs sont renforcées par la loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées. Elle garantit ainsi les droits fondamentaux reconnus à tous les citoyens tel que l’accès aux activités physiques et sportives.

Dans ce cadre, mes missions d’éducateur sportif sont d’initier, d’entrainer, d’éduquer et d’accompagner les enfants et adolescents en situation de handicap mental et/ou psychique à la pratique d’activités physiques.

Comment mettez-vous en œuvre l’activité sportive quotidienne avec les enfants en situation de handicap ?

Les activités physiques sportives adaptées (APSA) que je mets en place à l’IME ont pour but de mettre en œuvre des ressources indispensables au développement des jeunes sur le plan social, physique et psychologique. C’est un moyen pour l’élève de développer ses capacités dans plusieurs domaines tels que la communication, la motricité, la socialisation. Elles favorisent l’estime de soi liée au plaisir de pratiquer dans un cadre sécurisant, motivant.

Grâce aux APSA, les enfants et les jeunes améliorent leur condition physique, leur santé, leurs aptitudes intellectuelles. Ils développent leur résistance physique, leur aisance corporelle et acquièrent une plus grande habileté gestuelle, de l’endurance, ce qui améliore aussi leurs aptitudes professionnelles.


Au quotidien, mon but est d’adapter les activités sportives et leur mise en pratique pour être en adéquation avec leurs particularités, leurs personnalités, leurs besoins et attentes.

Cependant, je tiens à respecter le plus possible les règles fondamentales de chaque activité sportive car elles permettent à l’élève de s’approprier les connaissances, conformément aux objectifs généraux de l’EPS.

Au fur et à mesure des séances, plusieurs objectifs à atteindre sont établis pour chaque élève. Selon ses capacités, les attentes seront différentes. Certains élèves auront la possibilité d’atteindre plusieurs objectifs et d’autres un seul.

Après avoir évalué leurs différentes compétences et fixé les objectifs du cycle je mets en place des stratégies pédagogiques : des pédagogies qui invitent le jeune à se centrer sur lui-même, à respecter son rythme, les autres et ses émotions, et à prendre conscience de ses progrès à travers des expériences sensori-motrices adaptées à ses besoins.

Je dois aussi prendre en compte la durée de leur attention, en fractionnant les activités par exemple et en prévoyant des temps de pause adaptés à chaque enfant ; ou trouver des stratégies pour motiver ceux qui sont moins intéressés par l’effort physique.

Ainsi les APSA pratiquées sont de nature collective ou individuelle et s’articulent autour d’axes pédagogiques et éducatifs mais aussi autour des axes de la santé et du social.

Quelles activités pratiquent les élèves ?

Ils pratiquent par exemple le basketball, le football, le handball, l’athlétisme, la danse, le tir à l’arc, le vélo, le badminton, la randonnée, ou encore de la gym douce.

Y’a t’il un partenariat avec d’autre parties prenantes ? (famille, acteurs de la santé, etc) Comment s’organise la collaboration avec les autres professionnels ? L’IME développe-t-il des partenariats autour de la pratique d’ASPA ?

Oui, je suis constamment dans un travail de collaboration avec toute l’équipe pluridisciplinaire de l’IME telle que, l’infirmière, l’assistante sociale, la psychomotricienne, la psychologue, les éducateurs spécialisés, les éducateurs de jeunes enfants, les moniteurs éducateurs, les accompagnants éducatifs et sociaux, les enseignants, les éducateurs techniques, les agents de service, la cheffe de service, ou encore la secrétaire. Cette collaboration permet de faire le lien avec les équipes éducatives, médicales, sociales afin de proposer des activités et projets adaptés.

Je travaille plus particulièrement avec l’infirmière pour l’axe sport/santé, cette collaboration permet de préciser l’accompagnement sportif de certains jeunes en fonction de problématiques de santé (surpoids / problématiques cardiaques par exemple).

Je co-anime une activité en partenariat avec la psychomotricienne ou nous stimulons à la fois les capacités physiques, les coordinations, la motricité fine et globale. Je participe également à une activité transdisciplinaire à la plage, pour les adolescents qui présentent des problématiques sensorielles plus envahissantes.

Pendant les différentes activités je suis généralement accompagné par un professionnel de l’équipe éducative.

Par ailleurs, je suis en contact avec les familles dans le cadre des réunions parents. J’incite régulièrement les familles à inscrire leurs enfants au sport hors de l’I.M.E ou à pratiquer une activité sportive en famille.

Je m’appuie également sur le Projet Personnalisé d’Accompagnement (PPA) pour analyser et répondre aux besoins des élèves en APSA et ainsi voir les activités à privilégier.

Avec la collaboration de collègues, j’ai pu organiser un tournoi de foot inter-établissements où nous avons conviés différentes structures. Ce tournoi a créé une véritable émulation et a valorisé les jeunes dans leur pratique sportive.

J’ai travaillé à développer des partenariats avec différentes structures sportives (même pour simplement visiter et découvrir) qui ont permis, aux jeunes d’accéder à de nouvelles activités et aux professionnels du sport, de connaitre les jeunes de l’I.M.E.

Avez-vous des axes d’amélioration dans les mois ou années à venir?

Le sport étant un formidable vecteur d’intégration sociale, le but serait également de développer un accompagnement favorisant l’intégration des jeunes dans des activités sportives externes (clubs de sport, de loisirs ou milieu scolaire) en complément des activités réalisés à l’IME.

Le sport étant un régulateur majeur du comportement et de l’humeur, une augmentation du temps de sport aurait été profitable, notamment pour ceux présentant un Trouble du Spectre Autistique.

Pour en savoir plus et aller plus loin sur le sujet, vous pouvez contacter notre centre de documentation au 0590 215954

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