En Martinique et en Guadeloupe, un tiers des enfants sont en surcharge pondérale, 10 % sont obèses !

par annabelle croih
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Le rapport « Mieux prévenir et prendre en charge l’obésité en France » du mois d’avril 2023, co-rédigé par Martine LAVILLE, professeure de nutrition à l’Université Claude Bernard de Lyon 1 avec le concours de Maryse FOURCADE, membre de l’Inspection générale des affaires sociales, identifie les axes prioritaires d’action pour la présentation et la prise en charge de l’obésité à la demande du Ministre de la santé et de la prévention, François BRAUN et du Ministre des solidarités, de l’autonomie et des personnes handicapées, Jean-Christophe COMBE.

« Le surpoids et l’obésité sont définis comme une accumulation anormale ou excessive de graisse, qui nuit à la santé« , c’est une maladie qui touche les territoires depuis de nombreuses décennies et ne cesse de s’aggraver, notamment dans les DROM.

L’obésité à un impact direct sur l’apparition de nombreuses pathologies. Elle est un marqueur d’inégalités sociales et sa prise en charge représente un coût important, imposant une action rapide décisive et efficace.

Le rapport propose la définition des objectifs pouvant être assignés à la nouvelle stratégie de lutte contre l’obésité.

Objectif 1 : PREVENIR : diminuer l’incidence de l’obésité en agissant prioritairement sur les plus défavorisés.

Objectif 2 : MIEUX SOIGNER : augmenter le nombre de personnes en surpoids ou en situation d’obésité accédant à des soins adaptés à leur situation.

Objectif 3 : INVESTIR dans la recherche et l’innovation.

Objectif 4 : INVESTIR prioritairement dans les Départements et Régions d’Outre-mer (DROM)

Le focus sur les chiffres porte sur des DROM. Pour consulter la totalité du rapport, vous pouvez cliquer ici : https://medias.vie-publique.fr/data_storage_s3/rapport/pdf/289254.pdf

Le profil socio-économique des DROM constitue un caractère aggravant :

En effet, dans ces territoires chez les 15 ans et plus, entre 39% et 68% de la population est peu ou pas diplômée, les familles monoparentales sont également plus nombreuses,  » de fait, le taux de pauvreté atteint plus du double que celui de l’Hexagone. »

Aussi, « les différences de profils sociodémographiques expliquent en partie les problèmes alimentaires et nutritionnels qui en découlent« , d’un côté la population est vieillissante sur les îles de Guadeloupe et Martinique, alors que la population est très jeune sur les îles de la Mayotte et de Guyane.

Ces caractéristiques socio-économiques ont une incidence directe sur l’alimentation de la population des DROM : « dans les régions ultramarines, l’alimentation des adultes de position socioéconomique défavorisée est caractérisée par de plus faibles apports en aliments favorables à la santé« (fruits, légumes, poissons etc.).

L’obésité en augmentation constante dans les DROM et touche plus fortement les femmes :

Entre 2008 et 2013, il y a eu une augmentation significative du nombre de personnes en surpoids ou obèses en Guadeloupe et en Martinique.

– Chez les adultes de 16 ans et plus, la surcharge pondérale (surpoids et obésité) touche 52 % des hommes et 64 % de femmes.

– Chez les enfants (3-15 ans), la surcharge pondérale concernait 25 % de la classe d’âge, et celle de l’obésité 10 %.

– En Guyane, en 2008, l’obésité touchait également plus fortement les femmes que les hommes (23 % contre 13 %).

– La Réunion est le territoire le moins touché, cependant, les femmes souffrent deux fois plus d’obésité que les hommes, notamment avant la grossesse, ce qui augmente le nombre de cas de diabète gestationnel.

– Mayotte est le DROM le plus touché avec une prévalence de la surcharge pondérale à 45,7 % et une prévalence de l’obésité à 20,4 %.

Plusieurs facteurs alimentaires expliquent la prévalence à l’obésité et la surcharge pondérale dans les DROM :

– Des habitudes alimentaires perturbées entre modèles alimentaires traditionnels et modernes, ce qui accentue la tendance au grignotage.

– Une faible consommation de produits laitiers et de fruits, couplée à une forte consommation de boissons sucrées pauvres en nutriments. « Les consommations journalières moyennes de boissons sucrées en Guadeloupe et Martinique sont presque trois fois plus élevées que celles de la France hexagonale. La Guyane est presque au double« .

– De fortes disparités en matière de restauration scolaire entre les DROM

La rupture du parcours de soin :

Dans les DROM, le nombre de praticiens spécialisés pour 100 000 habitants est légèrement inférieur à la moyenne nationale. Cependant, avec deux fois plus de personnes atteintes de diabète, les DROM sont nettement déficitaires !

– Une rupture du parcours de soin est observée chez les personnes défavorisées. Le médecin traitant et l’hôpital ont un rôle important à jouer dans l’accompagnement.

– « Aux Antilles et à La Réunion, la création de trois centres spécialisés pour l’obésité en 2012 a amélioré la coordination du recours aux soins, de même que les centres dédiés à la chirurgie bariatrique « .

– Les spécialistes sont répartis de manière inégalitaire sur le territoire, ce qui peut gêner la prise en charge.

– La création du Centre Spécialisé de l’Obésité (CSO) à la Réunion a considérablement amélioré la prise en charge des personnes en situation de surpoids et d’obésité. Ceci constitue un modèle à suivre pour les autres DROM.

Pour conclure ce rapport, à partir de ces observations, un ensemble de recommandations sont proposées à destination des DROM, avec l’injonction de considérer ces territoires comme prioritaires pour l’application des recommandations de prévention et de soins.

Pour consulter le rapport complet, ainsi que l’ensemble des recommandations proposées, vous pouvez cliquer sur le lien suivant : https://medias.vie-publique.fr/data_storage_s3/rapport/pdf/289254.pdf

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